Saison 4 - « Machines » (2024-2025)

Les « machines » - robots, ordinateurs, intelligences artificielles (IA) ou autres constructions complexes de la main de l’homme - sont des objets de questionnements et de mythes : elles intriguent, enthousiasment, ou effraient. On se souviendra ici que « machiner », verbe attesté dès le XIVe siècle, signifie « ourdir, intriguer ». 
 

Notre coexistence avec les machines, notre dépendance à celles-ci, leurs usages à des fins productives, scientifiques et artistiques et l’imaginaire associé sont autant de terrains d’interrogation en sciences humaines et sociales sur notre capacité d’adaptation et d’interaction avec l’artificiel. Deux récentes accélérations technologiques ont accru les pouvoirs des machines. Les Big Data et la science des données augmentent nos capacités de traitement de données, d’analyse des faits sociaux et de prédiction d’événements. L’irruption récente de l’IA générative et ses multiples usages font débat dans nos sociétés, suscitant à la fois craintes et espérances.
 

Comme objet de recherche, les machines soulèvent des questions ontologiques (nature de l’intelligence, proximité entre l’humains et l’artificiel, crainte du dépassement), sociales et économiques (remplacement des humains, valeur du travail), politiques (nouvelles inégalités, désinformation, surveillance, contestation et démocratie), géopolitiques et juridiques (concurrence entre multinationales et états, souveraineté et compétition technologique entre états et effets réglementaires), environnementales (consommation et économies d’énergie) et éthiques (biais, responsabilités, convergence des valeurs). La littérature et le cinéma reflètent et alimentent nos craintes de conflit avec les machines autant que nos utopies technologiques parfois visionnaires. La fiction partage avec les sciences une fonction d’exploration du réel et de l’avenir. A ce titre, les machines comme objets fictionnels interrogent sur la valeur des utopies, le fait qu’elles soient aujourd’hui produites par une élite technologique et la nécessité de leur réappropriation sociale plus large par la littérature et les arts.
 

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Comme instrument de recherche, les machines, autrefois réservées aux sciences dures, fournissent aujourd’hui à tous les chercheurs une capacité inédite de traitement des données sous toutes leurs formes. Pour l’enseignement, elles offrent des opportunités spécifiques, la personnalisation de l’apprentissage (adaptation du contenu et du rythme aux besoins individuels), l’amélioration de l'efficacité pédagogique (automatisation des tâches administratives, analyse des résultats des étudiants). L’exploitation de ces opportunités pose des défis structurels d’adaptation au système éducatif. Enfin, pour le grand public, l’intégration voire l’intrication des machines dont l’IA dans les sphères privées comme professionnelles accompagne et amplifie le développement croissant d’une infosphère. Celle-ci est propice à l’action des machines par son caractère numérique et les données qu’elle génère. Ces phénomènes inquiètent autant qu’ils enthousiasment : risques pour l’emploi, futures conditions de travail incertaines, enfermement individualiste ou ouverture au monde, véracité de l’information, protection de la vie privée...

En abordant la thématique des machines pour sa quatrième saison de podcasts, la MSH de Clermont- Ferrand s’efforcera de répondre aux questions philosophiques, existentielles, économiques ou purement pragmatiques sur le pouvoir des machines qui traversent aujourd’hui la sphère publique par le biais d’un dialogue ouvert, soucieux de restituer dans toute sa complexité et sa profondeur historique le rapport des hommes à leurs propres créations.

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