Dès l’émergence du futurisme, Filippo Tommaso Marinetti place la machine au centre de sa nouvelle vision esthétique. Lunes électriques, paquebots, locomotives métamorphosées en chevaux d’acier et, surtout, aéroplanes deviennent les emblèmes d’un paysage poétique inédit. Certes, Marinetti n’est pas le premier à succomber au charme de ces merveilles modernes, cependant, il est sans doute le premier à ériger ces machines – et en particulier l’automobile et les avions, ou « oiseaux mécaniques » – en symboles centraux de sa création artistique. L'électricité, en transformant la perception du temps, inspire profondément sa réflexion, tout comme celle des autres futuristes ; il en va de même pour les automates. Ces poupées électriques occupent une place croissante dans l’imaginaire futuriste.
Ainsi, le culte du moderne prend la forme d’une véritable « machinolâtrie », traversant toute l’histoire du futurisme. Voitures, avions et automates deviennent tour à tour des figures emblématiques, des idoles modernes et, enfin, des créatures vulnérables. Hantées par le désir d’échapper à l’immortalité froide des machines, ces entités mécaniques aspirent à une humanité pleine et entière, dévoilant une tension profonde entre exaltation technologique et angoisse suscitée par un monde mécanique que l’on craint ne plus pouvoir maîtriser.