Machines inutiles ?

Isabelle Krzywkowski est professeure de littérature générale et comparée à l'Université Grenoble-Alpes et responsable du centre de recherche ISA (Imaginaire et Socio-Anthropologie) de l’UMR 5316 Litt&Arts. Après une thèse sur Le Jardin des songes. Étude sur la symbolique du jardin dans la littérature et l'iconographie fin-de-siècle en Europe, prolongée par des travaux sur les imaginaires et les pratiques urbaines, elle a orienté ses recherches vers les avant-gardes historiques (« Le Temps et l’Espace sont morts hier ». Les Années 1910-1920. Poésie et poétique de la première avant-garde, Paris, Éditions L’Improviste, 2006) et les relations de la littérature, des arts et des technologies (Machines à écrire. Littérature et technologies du XIXe au XXIe siècle, Grenoble, ELLUG, 2010), autour de la question plus générale des littératures expérimentales internationales. Elle envisage le rapport des arts aux technologies comme un processus d'appropriation qui, à la fois, met en forme un imaginaire des techniques et détourne leur sens, pour permettre de les penser.

En résumé

Parmi les figures de machines produites par la littérature et les arts, une des plus inattendues est sans doute celle de la machine inutile, tant il est vrai que l’expression semble relever du parfait oxymore. Il en existe pourtant plusieurs catégories, de la machine usée à la machine inaboutie, en passant par celle qui n’a pas pour vocation de produire. Ces dernières visent probablement moins une critique des techniques, qu’une critique de l’idéologie de l’utile : les machines inutiles proposent un autre usage des machines. Elles n’expriment pas nécessairement une technocritique, mais on peut supposer que c’est précisément leur inutilité qui, en sortant les machines du registre productiviste, en les « détournant », permet de les considérer autrement. Ce podcast s’intéressera à ces objets, en faisant l’hypothèse qu’ils nous aident à penser, non seulement notre relation aux machines, mais aussi leur nature.