MéDiCo
La langue des médecins : effet de diglossie en consultation
Publié le 17 juin 2025 – Mis à jour le 17 juin 2025
Fruit d’une collaboration interdisciplinaire entre des médecins et des linguistes, le projet MéDiCo — La langue des médecins : effet de diglossie en consultation — traite des interactions entre les médecins et les patients lors d’une consultation médicale. Il vise à comprendre ce qui se dit et ce qui pourrait s’entendre dans cette situation particulière de communication entre un professionnel de la santé et un patient fragilisé.
MéDiCo rompt avec les représentations communes et non documentées de la langue dite médicale et de la langue échangée en consultation. Il s’inscrit dans le deuxième axe scientifique de la MSH : Rupture, Révolutions, Innovation pour l’analyse d’échanges oraux, entre des patients et des médecins, enregistrés en situation réelle de consultation et rigoureusement retranscrits pour une exploitation linguistique. Le projet nourrit en outre cette analyse avec l’observation des moyens mis à disposition pour apprécier les aptitudes communicationnelles des étudiants de médecine lors de leur formation. Il peut s’agir par exemple de saynètes jouées lors de la formation à l’université.
L’expertise linguistique des données recueillies en situation réelle participe à l’émergence d’un « genre de discours » particulier, non encore décrit : 1. pour caractériser une consultation davantage orientée vers la compréhension du patient, 2. pour une conscientisation de la langue et des écarts possibles entre le dire et le dit.
Le projet MéDiCo cherche donc à identifier la manière dont les médecins, à la lumière de leurs années de formation, s’emparent d’une langue dite médicale et ce que montrent leurs usages de la langue, dans leur pratique, face aux patients. MéDiCo voudrait ouvrir des pistes pour accompagner les futurs médecins dans la conscientisation d’une langue qui s’avère double : médicale, indispensable pour identifier, nommer, assurer le diagnostic et échanger de manière juste avec les pairs, et ordinaire, quand elle s’adresse essentiellement au patient pour la transmission d’informations, la réponse à des questions et l’engagement dans un processus thérapeutique. Contrairement aux idées reçues, le lexique spécialisé qui fait partie intégrante de la formation, du savoir du médecin, de ses compétences n’est pas le seul responsable de la difficulté à communiquer. La dimension morpho-syntaxique, qui fait la matérialité du langage, est tout aussi importante.
En termes d’ancrage sociétal, MéDiCo répond à une attente nouvelle, celle de mettre en lumière la complexité et les subtilités du langage pour apprécier les répercussions de la langue dans l’interaction (et en particulier sur le patient), sur la politique de santé et sur ses acteurs. Les pistes ouvertes pourraient convaincre les institutions de l’apport de la linguistique dans un parcours de soin (le défi épistémologique et thérapeutique est de taille) et de la place, en amont, de celle-ci dans la formation des médecins.
Lauréat de son appel à projets interdisciplinaires 2024, ce programme est soutenu financièrement par la MSH pour deux ans (2025-2026).
Responsable scientifique : Mylène BLASCO, Professeure de Linguistique (UCA), LRL (UCA)
Laboratoires et structures impliqué(e)s : LRL (UCA) ; UFR de Médecine (UCA) ; CHU (Services des PH-PU associés au projet) ; EDA (Paris Cité, Faculté Humanités et Sociétés) ; Faculté de Santé : laboratoire BABEL ; Institut médico-légal de Paris, Unité Médico-Judiciaire, Hôtel-Dieu, APHP ; Université de Strasbourg (Département de Médecine Générale)
Disciplines représentées dans le projet : Santé, Médecine, Sciences du langage
Inscription dans les axes scientifiques de la MSH : « Rupture, révolutions, innovations »
Durée du projet : 2 ans