Publié le 17 mars 2025 Mis à jour le 17 mars 2025

Vecteur d’enthousiasme ou de rejet d’un monde en plein bouleversement, alimentant journaux, témoignages épistolaires et mémoires, le voyage d’observation prend le pas fin XVIIIe siècle sur le « grand tour » des élites nobiliaires et bourgeoises. Les étapes du voyage sont parfois celles des exils contraints, des emprisonnements passagers ; elles ne correspondent plus aux lieux de sociabilité d’une République des Lettres déchirée, dont le cosmopolitisme est mis à mal par l’émergence des identités nationales. L’espace semble agrandi, le temps accéléré par les révolutions, les translations des modèles politiques ou leur comparaison d’un continent à l’autre, depuis la révolution américaine. Les récits de révolutions nourrissent les révolutions suivantes (Révolution française, révolutions de 1830 et 1848, Commune, mouvements d’indépendance et d’unité européens). Ils puisent dans les références à un modèle passé, à revivifier ou à terminer ; dans les formes littéraires, les images empruntées, les scènes reconstituées, dont il importe cependant de distinguer les variations.

Le projet s’intéressera donc aussi à la manière dont ces récits articulent ruptures historiques et mutations esthétiques, idéologiques et épistémologiques. Le projet est structuré autour d’un séminaire mensuel, de publications dans des revues à comité de lecture, et d’un colloque final, dont les actes seront proposés à un éditeur national.